Pourquoi les femmes de 50 ans et plus sont invisibilisées?

Qui sont les 10 millions de femmes de la génération 50+?

Dans ce Webinar organisé par « J’ai piscine avec Simone », Sophie Dancourt et Sandrine Doppler reçoivent Marina Tomé, Catherine Grangeard et Isabelle Thomas, afin de discuter et débattre autour de la génération des femmes actives et quinquagénaires, des femmes qui semblent tomber dans l’oubli.

Quelles sont les causes de cette invisibilisation? 

Les invitées s’accordent sur l’idée qu’un basculement semble s’opérer une fois que la cinquantaine – et plus particulièrement la ménopause – arrive. Dans la société, la femme est souvent réduite à sa capacité à procréer et lorsqu’elle n’est plus en moyen de faire des enfants, elle perd tout intérêt aux yeux de la société. Afin d’illustrer cela, Marina Tomé évoque la métaphore de la femme marmite de Françoise Héritier.

En outre, Catherine Grangeard souligne le conflit entre l’image que les femmes ont d’elles-mêmes et ce que la société projette sur elles. Alors qu’elles se sentent jeunes, dynamiques, en plein épanouissement professionnel, la société tend à les effacer pour bondir directement à une image de femme vieillissante et inactive. 

Enfin, Isabelle Thomas évoque l’intensification des injonctions subies par les femmes  lorsqu’elles arrivent à « un certain âge ». On agit comme si, passé 50 ans, les femmes étaient un tout identique et perdaient toute identité propre. Leur seul caractère serait leur âge. Cela engendre beaucoup de questionnements et d’incertitudes, quant à la façon considérée comme correcte ou acceptable par la société de se vêtir, se coiffer ou se comporter.

Comment lutter contre cette invisibilisation? 

Il est tout d’abord essentiel de continuer à avoir des discussions autour de ce sujet.

Ensuite, pour Marina Tomé, il existe une relation étroite entre les médias et les attentes de la société. Comme elle le dit: « ce qui n’est pas représenté n’existe pas « . Sur la totalité des films sortis en 2015, le pourcentage de rôles féminins attribués à des femmes de 50 ans et plus était de 8%.

En outre, Marina Tomé cite une étude réalisée par Geneviève Sellier en 2017 qui pointe du doigt le fossé entre les rôles attribués aux hommes et aux femmes dans la même tranche d’âge. Les hommes ont des rôles variés, comprenant des positions de pouvoir, des métiers prestigieux (chef d’entreprise, père de famille, chirurgien, calife…). Les femmes ont elles une liste de rôles beaucoup plus restreinte, avec des rôles principalement liés à la famille (épouse, mère, sœur), avec tout de même quelques rôles de pouvoir (reine, maîtresse), mais beaucoup moins, en comparaison aux rôles des hommes.

Si le cinéma français manque d’ores et déjà de représentations de femmes dans des rôles forts de dirigeantes, de femmes de pouvoir, il est évidemment difficile d’imaginer ce genre de situation dans la réalité. 

Tous les enjeux ne se concentrent pas uniquement dans la représentation dans les médias, mais cet aspect ne doit pas être négligé.

Vieillir, un synonyme de puissance.

Pour Catherine Grangeard, vieillir peut être compliqué, mais n’est en aucun cas synonyme de mort sociale, ou de mort du désir. Cela est inhérent à la vie, personne ne peut éviter de vieillir et c’est une réalité qui doit être vue et reconnue.  

De plus pour Marina Tomé c’est l’âge de la puissance, de la maturité physique, émotionnelle, professionnelle. On arrive à un âge où on a la capacité de réaliser des projets, parce qu’on en a les moyens financiers ou intellectuels.

Et même si le corps évolue et change, pour Isabelle, il est toujours possible de trouver de la joie et du plaisir dans les vêtements. Chaque femme est unique et le vêtement doit être un moyen d’exprimer sa personnalité, ce qu’explique aussi Agathe Leurent dans Le Grand Entretien

Sources: 

 

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