L’espérance de vie des Français stagne depuis 2015

Oui, l’espérance de vie des Français (et d’une grande partie de l’Europe du Nord) stagne depuis quelques années ; mais ces chiffres sont à prendre avec du recul, car ils sont le reflet du taux de mortalité à un moment donné.

Entre 2017 et 2018, l’espérance de vie à la naissance en France n’a progressé que de 0,1 an. Cette année, l’espérance de vie des hommes est de 79,5 ans et celle des femmes de 85,4 ans. Selon l’Ined, ces données ne devraient plus progresser pendant quelques années.

Cette stagnation a quatre causes principales :

  • 3 épidémies de grippe depuis 2015, dont celle de 2015 qui a été particulièrement meurtrières : près de 20 000 décès dont 90% de personnes de plus de 65 ans
  • Les limites des campagnes de prévention des maladies cardio-vasculaires qui ont été atteintes. Le cancer reste la première cause de mortalité
  • Le tabagisme : surtout chez les femmes où il augmente. Selon l’Ined, il faudra donner un coup d’accélérateur à la lutte contre le tabagisme pour relancer l’augmentation espérance de vie
  • Les épisodes climatiques extrêmes (canicules et hiver rudes) qui sont de plus en plus réguliers

La stagnation de l’espérance de vie n’est pas qu’un fait français. C’est globalement le cas dans toute l’Europe du Nord. En revanche il y a des pays riches où l’espérance de vie baisse. C’est le cas aux USA depuis 2015, où l’espérance de vie des hommes y est de 76 ans, bien en dessous de l’Europe du Nord.

Des données à prendre avec recul

Le calcul de l’espérance de vie dépend des conditions de mortalité d’une année donnée. Ces chiffres sont donc très dépendants d’une épidémie ou d’un aléa climatique – d’où le fort impact de la grippe de 2015. Il est ainsi plus cohérent de regarder l’évolution de la courbe de l’espérance de vie à la naissance au fil des années.

La courbe ci-dessous montre l’impact des grandes guerres sur l’espérance de vie à la naissance. Les guerres napoléoniennes, de 1870, 14-18 et 39-45 ont provoqué des chutes de l’espérance de vie à la naissance, résultat d’une forte hausse du taux de mortalité à un moment donné.

espérance de vie naissance depuis 1740 INED
Source : Ined

Ce qu’il faut retenir, c’est que l’espérance de vie a presque doublé au cours du vingtième siècle. Vers 1740, près d’un nouveau-né sur trois mourait avant son premier anniversaire, le plus souvent à cause de maladies infectieuses. Aujourd’hui, la mortalité infantile n’est que de 0,3%. C’est en 1810 que l’espérance de vie à la naissance a bondi, notamment avec la découverte du vaccin contre la variole.

espérance de vie entre 1994 et 2018 insee

Peut-on encore augmenter l’espérance de vie ?

Aujourd’hui, c’est par les progrès de la médecine et l’évolution des modes de vie que l’espérance de vie cessera de stagner. L’allongement de la longévité tiendra de la capacité de la médecine à ralentir les effets du vieillissement, réparer les organes et combattre les maladies dégénératives comme Alzheimer. Un travail sur les modes de vie sera également nécessaire. Par exemple la lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme ou encore contre la sédentarité ; mais aussi par des actions de diminution de la pénibilité au travail pour développer les chances de bien-vieillir.

Si toutes ces conditions sont mises en place, on peut imaginer qu’une grande partie des bébés de 2019 (à moins d’une catastrophe écologique ou d’une guerre) vivront plus de 100 ans !

Sources :

https://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/esperance-vie-stagne-france.htmlhttps://www.bfmtv.com/societe/l-esperance-de-vie-des-femmes-francaises-stagne-depuis-5-ans-1642148.html

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er_1046_-_esperance_de_vie.pdf

https://www.liberation.fr/checknews/2018/12/28/l-esperance-de-vie-en-france-recule-t-elle-reellement_1677225

https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/la-mortalite-infantile-en-france/

http://www.observationsociete.fr/population/evolution-esperance-de-vie.html

Partagez l'article sur les réseaux