Les jeunes retraités moins impliqués dans le bénévolat

Jean-Paul, 67 ans, part d’un pied alerte ce matin retrouver ses collègues de l’association d’aide aux personnes en difficulté. Comme un quart des retraités de son âge, il s’est engagé il y a 5 ans quand il a eu plus de temps pour les autres, à la suite de son départ à la retraite.  

En France, les plus de 65 ans ont été traditionnellement des membres actifs de diverses associations et organisations. Selon l’INSEE, en 2017, ils représentaient près d’un quart (23%) de l’ensemble des bénévoles en France.  

Or selon une étude de l’IFOP réalisée pour Recherches et Solidarités en 2023, on observe un fort recul du niveau d’engagement des seniors de plus de 65 ans depuis une quinzaine d’années. Il est passé de 38% en 2010 à 25% en 2023. Le recul s’est même accéléré depuis 2019 avec un recul de 6 points en 4 ans.  Comment s’explique cette forte baisse ? 

Le changement de générations est une des raisons principales qui peut expliquer ce recul. En effet, les seniors qui avaient plus de 65 ans en 2010 étaient issus de la Génération Silencieuse. Nés avant la guerre de 1945, ils ont été confrontés dans leur jeunesse, avant et pendant la guerre, à des mouvements de solidarité sans précédents qui les ont marqués à vie. Ils ont donc toujours été très investis et engagés dans les associations. Cependant ayant dépassé l’âge de 75 ans, ils se sont dégagés de leurs engagements et de leurs responsabilités depuis une dizaine d’année. 

C’est une nouvelle génération, les Baby-Boomers, nés après-guerre, qui a pris le relais depuis 10 ans.  Ces jeunes retraités accordent moins de temps au milieu associatif par désir de se dédier à des activités personnelles, de voyager davantage, tout en s’occupant aussi de leurs petits-enfants et de leurs parents vieillissants. Avec 25% de taux d’engagement en association, les plus de 65 ans sont maintenant dépassés par celui des 25-34 ans qui est de 27%. La tendance de participation des futurs retraités n’est pas non plus favorable et on peut craindre une poursuite du recul de l’engagement des seniors. En effet, en 2013 les 50-64 ans (les 65 ans et plus d’aujourd’hui) avaient un taux de participation de 22% très proche de celui qu’ils ont aujourd’hui alors que la participation des 50-64 ans n’est que de 19% aujourd’hui, en recul de 3 points encore.  Les plus jeunes quant à eux n’étaient pas investis il y a une dizaine d’années (16% soit -22 points par rapport aux 65 ans et plus) mais depuis 2019 on constate une forte hausse de leur engagement dans des associations (+ 3 points entre 2019 et 2023). Leur niveau d’engagement croissant peut s’expliquer en partie par le fait qu’ils avancent dans un monde incertain mais aussi la crise sanitaire qui les a isolés.  

Les femmes, traditionnellement un peu moins engagées que les hommes, ont maintenant un niveau d’engagement similaire même si la période Covid a conduit à un fort recul de l’engagement féminin. 

Avec 14% de présence chaque semaine en 2023, les plus de 65 ans sont encore ceux qui consacrent le plus de temps aux associations mais on constate là aussi un fort recul de 4,4 points par rapport à 2019.  

Si l’engagement des Baby-Boomers dans les associations en France est source de préoccupation pour la vie de multiples associations, l’augmentation du niveau d’engagement des plus jeunes est une tendance positive. 

Sources : Etude de l’IFOP réalisée pour Recherches et Solidarités, Les Français et le bénévolat en 2023

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