Avoir 65 ans en 2000 : Jeanine, entre tradition, patrimoine et famille

Avoir 65 en 2000 : Jeanine, entre tradition patrimoine et famille

Le groupe Damartex et Seniosphère Conseil ont mené une étude sur trois générations de femmes nées en 1935, 1955 et 1975. Jeanine est la représentante de la première génération ; la génération silencieuse. Retour sur son enfance, sa vie d’adulte, de famille et de retraité.

Jeanine est un des prénoms qui a été le plus donné aux petites filles nées en 1935. Elle a eu 65 ans en 2000. Les valeurs qui marquent sa génération sont la tradition, la durée, le patrimoine, la transmission, la fidélité, l’altruisme, l’économie et surtout, la famille.

Retrouvez l’étude complète ici : Avoir 65 ans en 2000, 2020 et 2040

L’enfance

Jeanine est née en 1935, dans la maison de ses parents. Comme la majorité des nouveaux nés de sa génération, elle fait partie d’un fratrie d’au moins 4 enfants. Elle est allée dans une école pour filles jusqu’à ses 14 ans. A cette époque, moins de la moitié des femmes étaient scolarisées à 17 ans et à peine 10% des français (femmes ou hommes) atteignaient un bac+2.

Jeanine n’a pas beaucoup utilisé d’antibiotiques quand elle était petite. Elle a été vaccinée contre le tétanos, la tuberculose et la diphtérie. Contre les douleurs ou la fièvre, ses parents lui donnaient de l’aspirine.

Elle est née sous la troisième République, le droit de vote n’était pas encore accordé aux femmes et la majorité était à 21 ans. Elle a atteint la majorité en 1956 mais à cette époque, le Président de la République était élu au suffrage universel indirect. Elle a donc voté pour la première fois au suffrage universel direct en 1965, année de l’élection de Charles de Gaulle.

La vie d’adulte

L’année de ses 20 ans, elle chantait les chansons de Léo Ferré, d’Edith Piaf, de Georges Brassens et dansait sur Franck Sinatra, Les Baxter, The Platters et Elvis Presley. Elle allait voir en moyenne 9 films au cinéma par an et ne possédait pas de téléviseur. Elle a grandi avec Louis de Funès, Jean Gabin, Alain Delon, Lino Ventura, Bourvil, Romy Schneider, Marilyn Monroe ou encore Audrey Hepburn. Les films se sa jeunesse sont West Side Story (1962), La Grande Vadrouille (1966), Le Pont de la Rivière Kwaï (1957), Le Petit Monde de Don Camillo (1952) et La Belle et le Clochard (1955).

A 21 ans, Jeanine a vu les congés payés passer à 3 semaines. 10 ans plus tard, comme 48,6% des Français, elle est partie en vacances. Et comme 15% des Français, elle a choisi de faire du camping.

Toute sa jeunesse, elle a eu l’habitude de manger local. Les premières pizzeria sont arrivées à Paris dans les années 50. Après la guerre, la consommation de pain a fortement chuté : 120kg par an et par habitant en 1950 contre 48kg en 2010 ; et celle de viande augmenté : 60kg par an et par habitant en 1950 contre 90kg en 1994.

Jeanine a eu son premier enfant à 24 ans. Les femmes de sa génération ont eu en moyenne 2,59 enfants et 11,5% n’en ont pas eu du tout.  A 40 ans, 12% des hommes et 8% des femmes nés en 1935 étaient célibataires. Jeanine a travaillé, comme la moitié des femmes de sa génération, mais n’était pas cadre. Seules 11% des cadres étaient des femmes en 1962. Le taux de chômage était autour de 3,5% pour l’ensemble de la population et de 5% pour les femmes. .

Jeanine consommait moins que les génération nées en 1955 et 1975 et dépensait en moyenne 3 700€ en habillement et chaussures par an à 40 ans.

Elle a connu le premier choc pétrolier en 1973. Le prix du pétrole a été multiplié par 4 en un an.

Au début de sa vie d’adulte, elle ne possédait pas de téléphone fixe, seulement 15% des ménages en avaient.

Côté santé, sa vie d’adulte a été marquée par le scandale du distilbène, prescrit contre les fausses couches entre 1955 et 1977 et qui est à l’origine de nombreuses anomalies génitales.

La retraite

Jeanine est à la retraite depuis ses 61 ans, son mari depuis ses 59 ans. Elle a des petits enfants comme 80% des femmes de sa génération et en a 3  (2,59 enfants en moyenne pour les françaises de sa génération). Elle a été grand-mère pour la première fois à 50 ans. A ses 65 ans, elle avait perdu ses deux parents, comme 77% des personnes de sa tranche d’âge. 19% des 60-69 ans n’ont plus que leur mère.

Elle mangeait ultra-local dans sa jeunesse et à 60 ans, comme 2/3 des personnes de son âge, elle fréquentait plutôt les hypermarchés et les supermarchés.

Pour son habillement et ses chaussures, Jeanine fréquente essentiellement les magasins indépendants, les chaînes et la VCP. En 2001, les indépendants ont encore 24% de part de marché chez les femmes de 50 ans et plus, la VPC traditionnelle 20% et les chaînes sont en pleine progression à 22%.

En 2018, parmi les 70+, 52% sont équipés en ordinateur, 57% ont une connexion internet, 75% ont un téléphone mobile et 33% ont un Smartphone.

En 2015, le niveau de vie de Jeanine était de 23 000 euros, c’est moins que les générations nées en 1955 et 1975. Sa génération possède généralement sa résidence principale (70% en 2015), a un patrimoine moyen de 280 000€ (2015).

A 50 ans, elle et son mari lisaient un journal payant tous les jours, comme la moitié des gens de leur génération.

Son espérance de vie à 65 ans était à 21,2 ans en 2000 et celle de son mari à 16,7 ans. Les premières causes de mortalité des femmes de sa génération sont les maladies de l’appareil circulatoire (34%) et pour les hommes, le cancer (33%). Comme 41% des français de son âge, elle connait des problèmes d’audition et comme 42% de ceux qui présentent des problèmes d’audition, elle est appareillée. Heureusement elle n’a pas de problème de diabète (12% des hommes et 6% des femmes de 60-69 ans) ou d’obésité (14% des Français de sa tranche d’âge). Pour elle, vieillir est dans l’ordre des choses et elle est plutôt résignée vis-à-vis de la vieillesse et des problèmes de santé qu’elle engendre.

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