Les seniors face au surpoids et à l’obésité, des chiffres qui interpellent

Plus de la moitié des résidents de l’Union européenne présentent un excès de poids. Selon les données d’Eurostat de 2019, 60% des Allemands de 45 à 64 ans sont en surpoids ou obésité, soit 3,3 points de plus que les Belges et 6,1 que les Français de cette tranche d’âge. 66% des Allemands de 65 à 74 ans sont en surpoids ou obésité, soit une augmentation de 3,4 points de plus que les Belges et 8,8 points de plus que les Français de cette tranche d’âge. Parmi ces trois pays, la France présente la plus faible proportion de personnes en surpoids ou obésité. 

L’Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité réalisée en France par Obépi-Roche depuis 1997 révèle une augmentation significative de la prévalence de l’obésité au cours des deux dernières décennies sur l’ensemble de la population. Parmi les personnes âgées de 45 à 54 ans, qui avaient entre 35 et 44 ans en 1997, la hausse s’élève à +3,2 points : 19,9% sont obèses aujourd’hui alors que 16% l’étaient il y a 20 ans. En 2020, les plus de 65 ans présentent un taux plus élevé de surpoids (37,4 %) et d’obésité (19,9%) que les plus jeunes de 15-24 ans avec respectivement 14,0 % en surpoids et 9,2% avec obésité.

Cependant, c’est parmi les jeunes adultes de 15 à 24 ans que l’augmentation de l’obésité au fil des ans est la plus marquée, avec une hausse de 5,3 points en 10 ans. Ces augmentations pourraient s’expliquer d’une part par le fait que les jeunes générations sont davantage exposées à un mode de vie moderne caractérisé par une sédentarité accrue, une dépendance aux écrans et des habitudes alimentaires moins saines. D’autre part, elles sont plus susceptibles de consommer des aliments transformés, riches en calories vides et en sucres ajoutés. 

Sédentarisation et alimentation de plus en plus riche 

Globalement, c’est la sédentarisation qui cause la prise de poids de la population européenne. Elle entraîne une diminution de la masse musculaire et donc des besoins énergétiques. Pour autant, la population n’adapte pas son alimentation en diminuant ses apports et consomme des aliments plus riches : nourriture industrielle, plats préparés, sodas, etc. 

Les Baby-Boomers actuels, qui sont nés après la seconde guerre mondiale, ont grandi à une époque où les habitudes et le régime alimentaire ont connu de profondes transformations : fin du rationnement, production de viande en masse, importations de nouveaux ingrédients, généralisation du snacking, multiplication des Fast food, etc. Ces bouleversements ont eu des conséquences sur leur santé avec une augmentation générale de l’IMC. 

Avec l’avancée en âge, les personnes sont exposées à des problématiques qui peuvent accentuer ou renforcer le risque de prise de poids. Par exemple, l’apparition de douleurs articulaires, liées à l’arthrose ou l’ostéoporose, peuvent avoir un impact sur la mobilité. Parce qu’elles ont mal, les personnes cessent certaines activités physiques (prendre les escaliers, faire une balade, faire des trajets courts à pied), sans pour autant revoir leur régime alimentaire et favorisant ainsi la prise de poids. D’une manière générale, l’organisme a des besoins caloriques qui se réduisent avec l’âge, tandis que les besoins nutritionnels augmentent (en calcium, en protéines, etc.). Les individus n’adaptent pas forcément leur menu à cette modification des besoins, ce qui peut entraîner une prise de poids. 

De plus, certains traitements médicamenteux favorisent la prise de poids, comme la majorité des antipsychotiques et les antidépresseurs. Or, une personne sur deux de plus de 70 ans prend des psychotropes en France. 

Les conséquences néfastes de la prise de poids sur la santé 

De manière générale, le risque de mortalité lié au surpoids parmi les personnes de plus de 55 ans augmente pour les personnes dont l’IMC dépasse 30. 

graphique IMC

Le surpoids est associé à un risque accru de développer d’autres maladies, comme le diabète de type 2, les maladies respiratoires, les maladies cardio-vasculaires et également quelques cancers (colorectal, sein, pancréas). Cet excès pondéral favorise aussi la survenue de l’arthrose, réduisant par la même la mobilité des individus. 

Au-delà des conséquences sur la santé du surpoids et de l’obésité, les individus doivent également faire face à une stigmatisation croissante, appelée aussi « grossophobie ». Le surpoids est largement condamné par le grand public, qui considère les personnes concernées comme étant seules responsables de leur état. Cela donne lieu à des remarques et jugements qui ont un impact négatif sur l’image et l’estime de soi. 

En raison de l’ampleur de la prévalence du surpoids et de l’obésité parmi les seniors, et des conséquences que cela peut avoir en termes de maladies, de bien-être physique et psychologique, de prise en charge sociale des personnes âgées, on mesure l’importance qu’il y a à prendre en charge ce problème de santé. Cependant, cette prise en charge doit s’appuyer sur de la prévention aux âges plus jeunes, parce que les régimes amaigrissants chez les personnes âgées peuvent avoir de graves conséquences, avec le risque d’apparition de carences en certains nutriments. 

 

 

 

 

 

Source : Seniosphère Conseil


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